Statuts de la ville de Sion, en mai 1269
L’évêque Henri Ier de Rarogne, le vidomne de Sion, le major et le sautier[1] ainsi que les bourgeois de Sion, réunis en plaid général, établissent des statuts qui réglementent divers aspects de la vie de la cité, l’administration, l’usage des biens communaux, le commerce et l’artisanat.
Ces statuts de 1269 marquent une nouvelle étape dans l’acquisition de l’autonomie des bourgeois de Sion vis-à-vis de leur seigneur l’évêque. Par cet acte, la communauté des bourgeois obtient une reconnaissance formelle, qui lui permet d’exprimer ses désirs d’une façon régulière, dans le cadre d’une assemblée, appelée « plaid » ou placitum. C’est l’une des principales avancées. Le fait que la mention de ce plaid ne soit pas accompagnée d’explications laisse toutefois entendre que l’usage de réunir les bourgeois, en présence de l’évêque et/ou de ses représentants, remonte déjà à un certain temps.
[1] Les habitants de Sion dépendent de l’évêque qui confie l’administration à ses officiers et vassaux : le major, le vidomne, et le sautier.
L’autre nouveauté dans ce document est la nomination de deux commissions chargées d’administrer les biens communs :
- Le premier de ces statuts prévoit que si un bourgeois de Sion a besoin de bois de construction, huit hommes sont élus pour examiner le bien-fondé de sa requête et se rendent ensuite dans la forêt de Thyon pour désigner quels arbres peuvent être coupés sans dommage. Les limites et l’appartenance de la forêt ne sont pas explicitement indiquées dans cet acte, mais tout laisse penser que la forêt est propriété des bourgeois. C’est la première trace du domaine forestier de la Bourgeoisie de Sion qu’elle détient encore de nos jours.
- Le second statut établit l’élection de douze hommes, appelés consuls ou conseillers, chargés d’administrer, sous la surveillance du vidomne, les pâturages et les biens communs qui constituent la fortune de la ville. Ces consuls sont une ébauche de ce qui deviendra le conseil communal.
- Ces biens communs, forêts ou pâturages, sont véritablement en possession de la communauté, administrés selon ses propres intérêts, et plus seulement accordés en jouissance par le seigneur. C’est là une grande étape vers une autonomie politique.
Les statuts de 1269 contiennent encore plusieurs règlements concernant le commerce et différents métiers. Ainsi, pour les bouchers, se déploie une réglementation très détaillée des prix de vente des viandes (mouton, mouton salé, brebis, chèvre, chèvre salée, bœuf, vache, porc, agneau), le tout assorti d’amendes pécuniaires, en cas de non-respect. Les peaussiers sont, quant à eux, soumis à une réglementation de leurs tarifs pour la confection de chaussures, de tuniques et de robes, de même aussi, les boulangers pour le prix du pain. Les meuniers sont priés de respecter scrupuleusement les mesures de grain et de veiller au bon entretien de leurs moulins. Les statuts fixent également les salaires journaliers des bouviers, âniers, faucheurs et ouvriers. Enfin, ils interdisent aux marchands, sous peine d’une amende très lourde (60 sous), de se mettre d’accord pour hausser les prix artificiellement. A bas les petites ententes! Vive l’indépendance!
Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion