Ex-libris de la ville de Sion

Ex-libris de la ville de Sion

« L’un des plus beaux ex-libris de Suisse ». C’est ainsi qu’Alfred Comtesse, spécialiste dans ce domaine, qualifie l’ex-libris de la ville de Sion réalisé par le graveur allemand Wolfgang Kilian d’Augsbourg (1581-1662).

L’ex-libris, ou marque de bibliothèque, de la ville de Sion représente deux écus affrontés aux armes de la ville. Ces deux écus sont surmontés d’un troisième portant les armes impériales à l’aigle bicéphale, timbrées de la couronne du Saint-Empire. Les trois armoiries sont supportées par deux lions rampants et lampassés. La signature de l’artiste figure en bas à gauche, au pied de la terrasse. L’ex-libris n’est pas daté, mais l’idée serait séduisante de supposer que, sur sa route, lors de son voyage en Italie (1604-1608), l’artiste augsbourgeois ait fait halte à Sion et y ait réalisé cette gravure. De retour dans sa ville natale, il y a exécuté des plans de la ville ainsi que des portraits des ducs de Bavière et de Saxe, des empereurs et archiducs d'Autriche.

Dans le fonds des Archives de la Bourgeoisie de Sion sont conservés huit exemplaires de cet ex-libris (ABS, Tir. 142/1). Ils n’ont pas été utilisés en tant que marques de possession et ne sont donc pas collés dans ou sur un livre. Les mêmes ex-libris ont en revanche servi à marquer la propriété des registres contenant les recès de la Diète, en possession de la chancellerie de la Bourgeoisie de Sion. Chacun de ces vingt-trois volumes porte cet ex-libris collé sur leur plat antérieur.

Le règlement des écoles de la ville de Sion ou Leges scholarum Sedunensium, promulgué par le bourgmestre et le Conseil de la ville en 1679, est surmonté de la même gravure de W. Kilian, en frontispice (ABS, Tir. 77/38). Ce règlement a été imprimé à Sion chez Johann Ulrich Intikoffer, cette même année. L’ex-libris a peut-être contribué à lui conférer un caractère plus officiel…pour dompter les élèves récalcitrants, paresseux, impolis, chahuteurs, bagarreurs, lanceurs de boules de neige, amateurs de pêche interdite, joueurs de cartes et de dés invétérés et adeptes de l’école buissonnière ! L’ex-libris de W. Kilian n’a, semble-t-il, pas été utilisé massivement dans son usage premier de marque de possession de livres, mais a été détourné pour figurer sur les règlements scolaires, avec, à la clé, une plus grande visibilité.

Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion