1307

Vente d’un cens annuel à la communauté de Sion et première mention d’une maison de commune

Vente d’un cens annuel à la communauté de Sion...et première mention d’une maison de commune, ancêtre de l’Hôtel de ville

Cette charte du 10 février 1307, sur un parchemin de petit format, au décor sobre, s’ouvre par la traditionnelle formule de notification Notum sit omnibus Christi fidelibus, autrement dit que « tous les fidèles du Christ » soient informés de ce qui suit... Pierre de la Tour, seigneur de Châtillon (Niedergesteln), est un représentant de la puissante famille seigneuriale des de la Tour qui, au cours des XIIIe et XIVe siècles, exerce son contrôle sur l’ensemble du Valais, y compris sa capitale. Pierre vend un cens annuel, consistant en onze muids de seigle, blé et orge, à la communauté de Sion. Ce cens lui était payé chaque année par les enfants de feu Willelmus de Drona, Johannes et Stephanus, majors de Drône, et par Petrus, fils de feu Willincus de Drona, sur la dîme de Savièse. Désormais, ceux-ci doivent s’acquitter de cette redevance aux représentants de la ville de Sion.

Plusieurs témoins sont appelés: Nantermus d’Ayent, Aymo d’Erdes, Johannes de Cruce, Thomas de Chouson (de Saint-Nicolas, dans la vallée de Zermatt), Willermus de Bluvignot (Blignoud) et Mannembertus, tous bourgeois de Sion. Le clerc qui a rédigé la charte est le notaire public d’autorité impériale et clerc juré de la chancellerie du Chapitre, Amedeus de Reyna, originaire de Rennaz dans le canton de Vaud.

L’intérêt particulier de cet acte est la première mention de la maison de commune de la ville de Sion (domus communitatis) comme lieu de la transaction. Cette maison de commune préfigure l’Hôtel de ville bien connu de nos jours, bien que ses fonctions exactes ne soient pas explicitement précisées dans ce document, pas plus que son emplacement exact. Il se situait, semble-t-il, à peu près en face de l’Hôtel de ville actuel, tout près du grand pont qui enjambait la Sionne au bas de la rue des Châteaux. Dès 1330 cependant, ce bâtiment semble avoir véritablement rempli le rôle de « maison de commune », puisqu’on y reçoit un nouveau bourgeois. En 1502, il servait de lieu de réunion du conseil général et sera désormais désigné sous le nom de « maison du conseil » (domus consilii).

Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion