L’enquête, une quête de la vérité
Au Moyen Âge comme de nos jours, il ne fait pas bon vieillir, voir ses forces décliner et sa vulnérabilité augmenter. Pourtant, tout n’est pas si noir! Les plus âgés bénéficient souvent des soins et de la sollicitude de leurs enfants ou d’autres membres de la famille. Il leur arrive même de se retrouver au centre de l’attention, sur le devant de la scène, en quelque sorte, dans des circonstances particulières. La mémoire des anciens est en effet un instrument précieux pour justifier des droits anciens: en l’absence de documents écrits authentiques pouvant servir de preuve, il est possible d’avoir recours aux témoignages.
Ce long rouleau de papier – qui se trouve en réalité plié à maintes reprises – , composé de huit feuillets cousus les uns aux autres, se déployant sur une longueur de près de 3 mètres, contient la transcription des dépositions de dix-huit témoins, entendus lors d’une enquête sur l’usage des pâturages communs entre les Sédunois, représentés par le syndic Henricus de Poldo, d’un côté, et les habitants de Salins, de l’autre. La cause est présentée devant l’évêque Guillaume III de Rarogne. Nous ne connaissons pas la nature exacte du litige, mais il semble que le syndic sédunois assume le rôle du défendeur dans le procès. Nous sommes le 7 janvier 1444. L’usage commun de ces pâturages, prés et vergers situés à Salins et Turin, est contesté. Se succèdent les témoins ayant prêté serment, tous relativement âgés, puisque leurs souvenirs remontent souvent à 40, voire 50 ans auparavant. Chacun d’eux est interrogé avec soin et séparément – en secret – par des notaires commis aux interrogatoires, Laurentius Groelli et Henricus de Eysello. Tous deux travaillent au tribunal de l’évêque: ils notent les dépositions des témoins, puis les envoient, sous la forme de ce rouleau scellé, au juge qui les lit en présence des deux parties opposées.